La question de la licéité des extensions de cils en islam suscite de nombreuses interrogations chez les musulmanes pratiquantes. Deux avis divergents coexistent parmi les savants. D’un côté, Cheikh Ibn Utheymin et Cheikh Souleyman Ar-Ruheylî les considèrent totalement haram par analogie avec les extensions de cheveux maudites dans les hadiths. De l’autre, des juristes cités dans al-Fatawa al-Hindiyya établissent une distinction selon le matériau : les fibres synthétiques seraient permises, tandis que les cheveux humains resteraient interdits.
Le critère déterminant repose sur le type de matériau utilisé. Cette question touche aussi votre pratique quotidienne : peut-on prier avec ? Les ablutions restent-elles valides ? Quel matériau privilégier ?
📋 L’essentiel à retenir
- L’avis strict interdit toutes les extensions par analogie avec les cheveux humains
- L’avis nuancé autorise uniquement les matériaux synthétiques modernes comme le PBT
- La prière et les ablutions restent valides avec des extensions synthétiques
- L’intention joue un rôle clé : embellissement licite versus tromperie
- En cas de doute, consultez un savant qualifié de votre école juridique
Quel est le jugement des savants sur les extensions de cils ?
La divergence entre savants reflète deux approches du même principe religieux. Certains appliquent strictement l’interdiction des extensions capillaires aux cils, d’autres introduisent des nuances selon les matériaux modernes inexistants à l’époque du Prophète ﷺ.
L’avis strict : totalement interdit
Cheikh Ibn Utheymin (qu’Allah lui fasse miséricorde) et Cheikh Souleyman Ar-Ruheylî considèrent les cils artificiels comme interdits sans distinction. Leur raisonnement s’appuie sur une analogie directe avec les extensions de cheveux.
Le Prophète ﷺ a dit : « Allah a maudit celle qui pose les extensions et celle qui en demande ». Ce hadith authentique établit une interdiction formelle. Pour ces savants, ajouter des cils artificiels suit la même logique que l’ajout de cheveux. Les deux pratiques modifient la création originelle d’Allah.
L’argument principal concerne la modification de la création divine. Ajouter un élément artificiel inexistant à l’origine constitue une altération de la forme naturelle voulue par le Créateur. Cette position figure dans Fiqh el-libâss wa z-zîna, page 88.
L’avis nuancé : permis sous conditions
D’autres juristes, notamment dans al-Fatawa al-Hindiyya, adoptent une position différente basée sur la distinction des matériaux.
Selon cet avis, le principe d’équivalence juridique avec les cheveux reste valable, mais l’application change selon le matériau :
- Fibres synthétiques (PBT, polyester) : permises
- Cheveux humains : interdits
- Poils d’animaux licites (chameau, chèvre) : acceptables selon certains, sauf le porc
Cette position s’appuie sur des Compagnons du Prophète. Ibn Abbas, Umm Salamah et A’isha (qu’Allah soit satisfait d’eux) ont mentionné la licéité des matériaux artificiels non humains. Le texte d’al-Fatawa al-Hindiyya précise qu’utiliser la fourrure ou les poils d’animaux ne pose pas de problème, à condition d’exclure le porc.
La logique repose sur le fait que l’interdiction prophétique visait spécifiquement les cheveux humains. Les matériaux synthétiques modernes n’existaient pas à l’époque et ne rentrent donc pas dans le cadre de cette interdiction originelle.
Peut-on prier avec des extensions de cils ?

Accomplir la salat avec des extensions reste techniquement valide selon la majorité des savants. L’essentiel dépend du matériau porté et de votre intention.
Avec des matériaux synthétiques, votre prière n’est pas invalidée. Si vous portez des cheveux humains (haram selon tous les avis), le péché réside dans le port quotidien, pas dans l’invalidité de la prière elle-même. La différence est importante à comprendre.
Quelques recommandations pratiques pour préserver l’humilité requise pendant la prière :
- Retirez les faux cils amovibles avant la salat si cela reste facile
- Concentrez-vous sur la modestie et l’intention sincère
- Évitez toute intention de tromperie ou de séduction illicite envers des non-mahram
L’intention compte énormément. Porter des extensions synthétiques pour s’embellir pour son époux diffère totalement d’une volonté de tromper autrui sur son apparence naturelle. Cette distinction entre embellissement licite et tromperie guide le jugement moral de l’acte.
Les extensions de cils invalident-elles les ablutions ?

Vos ablutions restent valides avec des extensions. Cette question revient fréquemment, mais la réponse apporte de la tranquillité d’esprit.
Les cils ne font pas partie des zones obligatoires à laver lors du wudu. Les quatre zones concernées sont le visage, les avant-bras, la tête (par essuyage) et les pieds. Les extensions ne créent aucune barrière empêchant l’eau d’atteindre la peau de votre visage lors du lavage.
Cette situation diffère des faux ongles, qui posent un véritable problème juridique. Ces derniers peuvent empêcher l’eau d’atteindre les ongles naturels, invalidant ainsi les ablutions. Les cils, eux, ne constituent pas un obstacle physique pour la validité du wudu.
Maintenez votre routine habituelle d’ablutions avant chaque prière, sans inquiétude concernant les extensions. L’application ne rend pas impure et n’invalide pas votre purification rituelle. Vous pouvez effectuer le wudu normalement, comme si vous ne portiez rien.
Quel matériau choisir pour rester dans le licite ?
Si vous suivez l’avis nuancé, le choix du matériau devient prioritaire. Voici un guide récapitulatif :
| Matériau | Statut selon l’avis nuancé |
|---|---|
| Fibres synthétiques (PBT, polyester) | ✓ Halal |
| Cheveux humains | ✗ Haram |
| Fourrure de vison naturelle | ⚠️ À éviter (matière animale) |
| Vison synthétique | ✓ Halal |
| Parties de porc | ✗ Haram |
La majorité des salons recommandent aujourd’hui les fibres 100% synthétiques. Elles sont les plus courantes et les moins chères. Elles offrent aussi l’avantage d’être clairement licites selon l’avis permissif, ce qui vous évite tout scrupule.
Quelques précautions s’imposent avant votre rendez-vous :
- Interrogez votre esthéticienne sur le type exact utilisé
- Demandez une confirmation écrite si vous doutez
- Privilégiez les établissements travaillant exclusivement avec du synthétique
- Évitez les cheveux humains ou le vison naturel si vous suivez l’avis strict
Si vous avez déjà posé des extensions en cheveux humains sans le savoir, l’avis strict recommande de les retirer dès que possible. En cas de doute persistant sur le matériau ou votre situation personnelle, consultez un savant local qualifié. Il pourra vous guider selon votre école juridique et votre contexte spécifique.
Questions fréquentes
Quelle est la différence entre extensions et faux cils ?
Les extensions sont collées cil par cil sur vos cils naturels et durent entre 3 et 6 semaines. Elles sont semi-permanentes et nécessitent un entretien en salon. Les faux cils sont des bandes amovibles que vous posez et retirez chaque jour. Les faux cils temporaires posent moins de questions juridiques selon certains savants, car ils s’apparentent davantage au maquillage quotidien qu’à une modification durable.
Le rehaussement de cils est-il permis ?
Le rehaussement consiste à courber chimiquement vos cils naturels sans ajouter de matière externe. Cette technique semble moins problématique puisqu’il n’y a pas d’ajout artificiel. Néanmoins, elle modifie temporairement la structure naturelle de vos cils. Les avis spécifiques sur cette pratique restent à préciser auprès des savants contemporains. Si vous hésitez, privilégiez un recourbe-cils mécanique qui ne modifie rien chimiquement.
Que faire si les extensions causent des problèmes de santé ?
L’islam interdit de se nuire volontairement. Si vos extensions provoquent des infections oculaires, une sécheresse chronique douloureuse ou endommagent vos cils naturels, les retirer devient prioritaire. La préservation de votre santé constitue un principe islamique fondamental qui prime sur les questions d’embellissement. Consultez un professionnel de santé et arrêtez immédiatement si des symptômes apparaissent.


